« Affaire Shabani » : le secrétaire général de l’UDPS appelé à répondre à 5 questions

Parti d’un simple contrôle des documents consulaires des voyageurs à l’aéroport international de N’Djili à Kinshasa, ce que d’aucuns appellent déjà  « l’affaire Shabani », du nom du secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS – opposition), Me Jaquemain Shabani Lukoo Bihango,  est entrain de devenir une véritable affaire d’Etat en RDC. 

Pas plus tard que ce samedi 11 février, le gouvernement congolais, par l’entremise de son porte-parole, Lambert Mende Omalanga, a donné sa version des faits, invitant à l’occasion le secrétaire général de l’UDPS à fournir des explications aux services compétents de la justice civile et militaire au sujet des 5 questions majeures.

Au départ, a-t-il expliqué, Jaquemain Shabani a été appréhendé, au cours d’un contrôle de routine des services de l’immigration, avec deux passeports, dont l’un ne lui appartenait pas. A partir de cet incident, les services d’immigration qui ont approfondi la fouille, ont saisi d’autres documents suspects aussi bien dans l’ordinateur portable que dans le GSM (téléphone portable) et le sac de Me Shabani qui a été, de ce fait, empêché d’effectuer son voyage dans la nuit de mardi à mercredi vers l’Allemagne. Il sera arrêté avant d’être relaxé quelques trois heures plus tard et remis entre les mains du porte-parole de l’UDPS, Albert  Moleka.

Aujourd’hui, avant de voyager, il lui est demandé par la justice de fournir des explications au sujet de 5 questions ci-après. Primo, au sujet de la centaine des photos horribles annexées au « rapport sur le processus  électoral  en RDC» qu’il va présenter en Allemagne, Jaquemain Shabani est invité, comme la loi congolaise lui en fait obligation, de collaborer avec la justice congolaise pour faire la lumière sur ces différents massacres et autres atrocités afin que les victimes soient identifiées et les auteurs sanctionnés conformément à la loi.

Secundo, il doit aussi s’expliquer sur les tracts distribués dernièrement dans les casernes appelant policiers et militaires à désobéir aux ordres de leurs chefs et dont la matrice a été trouvée dans son ordinateur portable.

Tertio, il est question d’un sms que le secrétaire général de l’UDPS a reçu d’un correspondant qui lui annonce qu’un « chef d’Etat-major » de l’armée est prêt à collaborer avec son parti. Il est question ici pour lui d’aider à identifier ce correspondant.

Quarto, il est question d’une légende qui accompagne une photo des horreurs commises dernièrement dans un pays de l’Afrique de l’Ouest et qui a abondamment circulé sur le net. Dans cette légende, on attribue ce crime en Afrique de l’Ouest aux gardes du Président Kabila. Il est donc question  ici d’imputations dommageables.

Enfin, quinto, dans un des documents saisis sur le secrétaire général de l’UDPS, l’on parle de la « fin tragique » prochaine du Président Kabila. Il doit donc fournir des informations à la justice congolaise  sur un éventuel projet d’assassinat du Chef de l’Etat.  

Jaquemain Shabani brutalisé ?

Où est pour le moment le Secrétaire général de l’UDPS ?  Il a  été relâché quelques trois heures après son interpellation à N’Djili, a déclaré Mende, en réponse à cette question de la presse. Il a indiqué qu’il lui a été demandé de se présenter le vendredi 10 février devant la justice mais il n’a pas confirmé si cela a été fait.

Lambert Mende a aussi nié que le secrétaire général de l’UDPS ait subi des sévices corporels lors de son arrestation, reconnaissant, toutefois,  qu’il s’était « bagarré » avec un officier de l’immigration qu’il avait giflé et qui a réagi en frappant Me Shabani au bras. Cet officier a fait l’objet d’une sanction disciplinaire pour ne s’être pas maîtrisé malgré la provocation, a encore dit le ministre Mende.

Mais pour se convaincre de la bonne santé du secrétaire général Jaquemain Shabani, les responsables de son parti l’ont amené pour des examens appropriés auprès d’un hôpital de la place.  «Après une nuit passée en observation et les différents examens sur les signes vitaux ainsi que la radiographie pour vérifier s’il n’y a pas eu de membres brisés suite au tabassage dont il a été victime, le médecin a jugé qu’il pouvait sortir de l’hôpital et rentrer chez lui. Il attend simplement de pouvoir continuer son programme sur l’Allemagne comme prévu», a déclaré Albert Moleka sur Radiookapi.

Reste à savoir quelle tournure va prendre maintenant cette affaire. Mais déjà, l’UDPS prévient : cet incident peut avoir des conséquences sur le plan politique étant donné que le secrétaire général de l’UDPS est «une personnalité politique très importante sur la scène politique congolaise et internationale», a dit le porte-parole Moleka. Le gouvernement Kabila va-t-il reculer ? Wait and see.