lundi 19 décembre 2011

E. Tshisekedi souffle le chaud et le froid : il se proclame Président mais appelle au calme

L’opposition congolaise est désormais sur le sentier de guerre, du moins si en s’en tient aux dernières déclarations des ténors de cette opposition. Au cour d’une importante conférence de presse, dimanche 19 décembre dans sa résidence à Limete, Etienne Tshisekedi, leader de l’UPDS et opposant historique congolais, dont le parti a rejeté l’arrêt de la Cour suprême de justice reconnaissant officiellement la victoire du Président sortant Joseph Kabila à l’issue de la présidentielle du 28 novembre,  s’est auto-proclamé Président de la RDC.
 Il a, en conséquence, démis de leurs fonctions les animateurs des institutions congolaises actuelles.  «Le gouvernement de monsieur Kabila est démis depuis ce jour », a-t-il déclaré, expliquant que  «les départements ministériels seront dirigés par les secrétaires généraux, jusqu’à nouvel ordre. Les onze gouverneurs de province sont également démis et remplacés par les directeurs provinciaux».
En ce qui concernant le Président Joseph Kabila, il  a indiqué avoir donné l’ordre aux forces de sécurité de l’interpeller et de le lui amener vivant, sans toutefois expliciter les raisons profondes de cette  arrestation.
Etienne Tshisekedi a, en outre, annoncé qu’il prêtera serment le vendredi 23 décembre prochain au stade des Martyrs de Kinshasa. D’aucuns se demandent cependant devant qui cette prestation de serment pourrait se faire, lui-même ayant démis de leurs fonctions les animateurs des institutions actuelles.
Celui qui se proclame nouveau Président congolais a aussi appelé la population au calme, expliquant que «du climat d’entente qui va régner au pays dépendra la confiance que les investisseurs extérieurs peuvent faire à notre pays (…) Je vous demande donc de garder votre calme et votre sérénité…»
Réagissant à ces  déclarations faites lors de sa  conférence de presse par le président de l’UDPS,  le secrétaire général de la Majorité présidentielle (MP), Aubin Minaku, a qualifié les propos de M. Tshisekedi de «vaste blague et d’incitation à la rébellion.» Pour lui, Tshisekedi ignore l’existence de la République et oublie que le peuple a voté le 28 novembre. Selon Aubin Minaku, le président de l’UDPS cherche à créer «le chaos». Le secrétaire général de la majorité présidentielle, a dénoncé un appel à la désobéissance civile et a demandé à ce que « l’Etat exerce la puissance de la loi contre Etienne Tshisekedi ».
Olengankoy crée le  «Conseil national de la résistance»
Bien avant que Tshisekedi ne s’auto-proclame, une nouvelle fois,  Président de la République, un autre leader de l’opposition congolaise, Joseph Olengankoy, président national des Forces novatrices de l’union et la solidarité (Fonus), avait  mis en place le samedi 17 décembre une structure dénommée « Conseil national de la résistance » (CNR). Il a, à cette occasion,  appelé les Congolais à se joindre à lui pour organiser des manifestations pacifiques contre le pouvoir. Joseph Olengankoy cité par Radio Okapi, pense que l’opposition avait la victoire entre ses mains que «la volonté d’un groupe d’individus lui a ravi».
Le leader des Fonus précise que la constitution de la République n’interdit pas de manifestations pacifiques. «C’est le droit d’un peuple de manifester pacifiquement quand il se rend compte que leur droit est en train d’être piétiné», dit-il.
Logique de la confrontation ?
Malgré l’appel au calme et à la sérénité lancé par Etienne Tshisekedi et la volonté d’organiser des manifestations pacifiques dont parle Joseph Olengankoy, d’aucuns sont avis que l’opposition congolaise semble s’être engagée dorénavant dans la logique de la confrontation avec le pouvoir.
Reste à savoir comment le pouvoir en place va réagir concrètement à cette logique. Quand, par exemple Aubin Minaku appelle « l’Etat à exercer la force de la loi sur Etienne Tshisekedi », cela peut-il conduire jusqu’à l’interpellation ou à la traduction devant la justice du leader de l’UDPS ?
De la réponse à toutes ces interrogations dépend, sans doute, en grande partie l’avenir immédiat de la RDC.

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