jeudi 7 juillet 2011

Un nouveau rapport accablant de l’ONU sur la RDC au sujet des viols massifs à Walikale au Nord-Kivu en 2010

Le rapport préliminaire de l’enquête de l’ONU sur les violations graves des droits de l’homme perpétrées à Walikale, dans la province du Nord-Kivu, où,  entre le 30 juillet et le 02 août 2010, plus de 387 personnes avaient été violées, met en exergue « le manque de redevabilité, de justice et de sécurité pour les victimes ». 
Ce rapport du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH), rendu public mercredi à Kinshasa et à Genève,  portait sur  les viols massifs et autres violations des droits de l’homme commis dans 13 villages sur l’axe Kibua-Mpofi, dans le territoire de Walikale, au Nord-Kivu, où des centaines des personnes ont été violées, 116 enlevées et 965 maisons et magasins pillés par une coalition de groupes armés entre le 30 juillet et le 02 août 2010.
Sur les 387 victimes des viols, il y avait 200 femmes, 23 hommes, 55 filles et 9 garçons, précise  le rapport.
Selon les enquêteurs de l’ONU, « du fait que ces attaques ont été planifiées à l’avance et menées de manière systématique et ciblée, elles pourraient constituer des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre ».
Selon les témoignages et informations recueillis auprès de diverses sources, le mobile de ces attaques était de punir et d’asservir la population locale, que les assaillants considéraient comme des « traitres » ayant collaboré avec les forces gouvernementales, et de piller des armes et d’autres provisions.
La haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU indexe l’impunité en RDC
A l’occasion de la publication de ce rapport, la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Mme Navi Pillay a affirmé que le manque de progrès dans les enquêtes officielles et les poursuites judiciaires contre les auteurs de crimes constitue un obstacle sérieux pour la dissuasion de la commission de nouvelles violations.
« Depuis les attaques de Walikale, il y a eu plusieurs autres cas de viols et autres types de violences sexuelles qui ont été systématiquement utilisés comme armes de guerre et représailles par des groupes armés », a dit Mme Navi pour qui « le gouvernement doit poursuivre ses efforts pour traduire les auteurs de ces actes ignobles devant la justice et veiller à ce que les victimes et les témoins soient protégés, étant donné le risque élevé des représailles ».
Selon le rapport, l’auditorat militaire près la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu a ouvert une enquête judiciaire sur ces violations et réalisé plus de 150 entretiens avec des victimes et des témoins. Cette enquête a été plus tard suspendue en raison des préoccupations concernant la protection de ces dernières et a abouti à une seule mise en accusation. Certaines personnes ayant coopéré avec les autorités judiciaires militaires au cour des enquêtes ont été victimes de représailles, indique encore le rapport.
Les enquêteurs ont encore noté que la faiblesse de l’autorité de l’Etat congolais dans le territoire de Walikale a été l’une des causes de la prolifération et du contrôle des activités minières par les groupes armés qui en assurent le monopole et ont développé le commerce d’armes dans la région, créant ainsi une insécurité manifeste pour les populations  civiles.
Pour Mme Navi Pillay, « le gouvernement congolais a la responsabilité première de protéger sa propre population ; toutefois, j’ai aussi l’obligation de faire appel à la communauté internationale pour reconnaître l’insécurité qui prévaut dans la région et mieux équiper la MONUISCO  pour lui permettre de s’acquitter efficacement de son mandat de protection ».
   


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