vendredi 9 septembre 2011

Kinshasa Far West

 – Un véhicule incendié en face du siège inter fédéral du PPRD le 5/9/2011 à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John BompengoLes événements vécus par la population kinoise depuis un peu plus d’une semaine ne sont pas sans rappeler le Far West américain à l’époque des Pionniers. Ou la Somalie actuelle. 
Jeudi 1er septembre, des affrontements entre la police et les militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) partis manifester en masse pour réclamer la transparence du processus électoral, notamment par l’accès de l’opposition au serveur central de la CENI, se soldent par de nombreuses casses de véhicules utilitaires des services publics de l’Etat et des véhicules des particuliers. Des cas de blessures sont déplorés aussi bien parmi les manifestants et les hommes de médias que parmi les forces de l’ordre.
La panique s’installe dans le centre ville et les commerces ferment, par peur des pillages qui  prenaient déjà corps.
Comme à l’accoutumée, les deux camps se rejettent la responsabilité des affrontements. La police a notamment reproché aux manifestants de l’UDPS de n’avoir pas voulu respecter l’itinéraire convenu la veille de commun accord. L’UDPS a, de son côté, dénoncé les actes de provocation des forces de l’ordre.
Mardi 5 septembre, jour du dépôt de la candidature du leader de l’UDPS, Etienne Tshisekedi,  à la présidence, des incidents sont déplorés lors du retour de ses accompagnateurs que les autorités accusent d’avoir incendié le siège d’une section du  PPRD situé sur l’avenue Sendwe dans la commune de Kalamu. En représailles très probablement, le siège de l’UDPS dans la commune de Limete et la chaîne de télévision RLTV (très proche de Tshisekedi)  située dans la commune de la Gombe sont incendiés dans la nuit de lundi 5 au mardi 6 septembre. Les dégâts sont évidemment considérables partout.
Si on ne déplore pas mort d’homme dans ces différents  incendies, ce ne sera pas le cas  le mardi 6 septembre lors des affrontements entre la police et les combattants de l’UDPS très montés à la suite de l’incendie du siège de leur parti. Le gouvernement lui-même a déploré ce jour-là « mort  d’homme », sans en donner cependant des chiffres précis, alors que d’autres sources  parlaient d’une à trois victimes et de plusieurs blessés par balles.
La tension était telle que certains journaux n’ont même pas hésité de parler de « guerre civile » à Kinshasa.
Une interdiction de manifester taillée sur mesure pour l’UDPS ?
Dans ces conditions, les appels au calme lancés aussi bien par le cardinal Monsengwo, archevêque de  Kinshasa, que par la Mission d’observation des Nations-Unies au Congo (MONUSCO) avaient très peu de chance de produire un quelconque effet.
L’accalmie n’est intervenue qu’à la suite d’une mesure prise par l’Hôtel de ville de Kinshasa interdisant toute manifestation (marche ou sit-in)  à caractère politique jusqu’au dimanche 11 septembre.
Annoncée le mercredi 7 septembre dans la soirée, cette interdiction semblait être taillée sur mesure pour l’UDPS qui avait programmé une nouvelle manifestation publique le jeudi 8 septembre, toujours pour réclamer la transparence du processus électoral.
Mais pour le gouverneur de Kinshasa, le but de cette mesure est de permettre aux opérations de dépôt des candidatures à la CENI de se dérouler dans la sérénité afin favoriser un climat social apaisé au cours du processus électoral.
Reste à savoir ce qu’il va advenir après le 11 septembre. Car, il est impensable que l’on puisse interdire des manifestations publiques jusque lors de la campagne électorale.
Qui a dit élections apaisées ?
Les tristes événements que la capitale congolaise vient de vivre alors que la campagne électorale n’a même pas encore commencé n’augurent rien de bon. Surtout quand on sait que ces événements ont été précédés par  des discours souvent irresponsables tenus notamment dans les médias par des gens qui disent leaders politiques. Rares, très rares sont les leaders de l’opposition ou de la majorité au pouvoir qui se préoccupent, lors de leurs différentes interventions, de ne pas enflammer inutilement les militants.
Les élections apaisées, tout le monde en parle, mais personne ne semble  vraiment s’investir pour en arriver là. Dans ces conditions, les jours à venir font peur.

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