lundi 10 octobre 2011

Forum de haut niveau sur la forêt et le changement climatique : la RDC déplore la non tenue des promesses de Copenhague

Il se tient du 10 au 12 octobre à Kinshasa un forum de haut niveau sur la forêt et le changement climatique.  Dans son message lu par le vice-Premier ministre Koyagyalo à l’ouverture de ces travaux au Grand Hôtel Kinshasa, le Président de la RDC, Joseph Kabila kabange, a déploré le fait que « les promesses de Copenhague sont restées lettre morte et les fonds appelés tardent d’être mobilisés ».
 Tout en soulignant que « les efforts doivent être réciproques », la RDC estime, dans le même message que «le soutien technique et financier est une condition indispensable à l’esprit du partenariat et à la réussite commune dans la lutte mondiale contre le réchauffement climatique ».
Le Président Joseph Kabila Kabange avait auparavant invité les participants au forum à engager un véritable partenariat pour la croissance verte de la RDC, alliant préservation de la forêt, lutte contre le changement climatique et développement économique et humain solide, rapide et durable. Le Chef de l’Etat a relevé que « la RDC, avec 145 millions ha de forêt, la moitié de réserves d’eau de l’Afrique, est un pilier environnemental couvrant 60 % du bassin du Congo, et le deuxième plus grand massif forestier tropical du monde et le mieux préservé ».Ce capital environnemental qui, a-t-il soutenu, constitue une promesse significative pour le développement de la RDC et du continent, une chance unique pour la lutte mondiale contre l’insécurité alimentaire, pour la production agricole et énergétique, la recherche et la biotechnologie. Le Président Kabila a souligné la nécessité de préserver la forêt congolaise et de mieux revaloriser ses multiples services au profit du peuple congolais, africain et du monde.  Il a réaffirmé la volonté de la RDC de participer à l’effort mondial de lutte contre le changement climatique et d’assurer un effort pour aboutir à un mécanisme REDD plus efficace. En dépit de son important potentiel et de sa volonté de préserver l’environnement, a-t-il cependant fait remarquer, l’on ne peut pas oublier que la priorité pour la RDC est le développement humain, économique et social d’une population meurtrie par les conflits et vulnérable. Le Chef de l’Etat a évoqué les besoins importants de son pays en matière des infrastructures et des services et qui ont commencé à trouver une réponse à travers les cinq chantiers.
« La forêt du Congo, un enjeu stratégique mondial et national », selon Sarassoro
Pour sa part, le coordonnateur du système des Nations Unies en RDC, Fidèle Sarassoro, a reconnu que la forêt de la RDC est tout aussi bien un enjeu stratégique mondial qu’un enjeu de développement national. Selon lui, les pays pauvres et vulnérables, qui contribuent le moins au réchauffement de la planète, avec moins d’un tiers des émissions de carbone, en subissent déjà les conséquences les plus dramatiques. M. Sarassoro a fait part de l’incessant plaidoyer du PNUD pour des interventions immédiates aux niveaux global, national et local, avant de noter que les changements climatiques sont une menace pour l’ensemble de la planète et constituent un défi majeur additionnel pour le développement humain des pays africains comme la RDC.
Important évaluation environnementale de la RDC
Avec la moitié des forêts et des ressources en eau de l'Afrique, ainsi que des réserves minérales estimées à 24'000 milliards de dollars US, la RDC pourrait devenir une locomotive pour le développement africain, à condition que les différentes menaces pesant sur ses ressources naturelles soient rapidement jugulées.
Une évaluation environnementale majeure de la République Démocratique du Congo (RDC) menée par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) souligne l'importance mondiale et le potentiel extraordinaire des ressources naturelles et minières du pays.
Toutefois, l'étude met en garde contre des tendances alarmantes, telles que l'accélération de la déforestation, l'extinction de certaines espèces, la pollution par les métaux lourds et la dégradation des terres résultant des activités minières, ainsi qu'une pénurie aigüe d'eau potable affectant quelques 51 millions de Congolais.
Les résultats de cette évaluation, réalisée sur deux ans, ont été révélés lundi 10 octobre  à Kinshasa par le Directeur Exécutif du PNUE, M. Achim Steiner, et le Ministre de l'Environnement, de la conservation de la nature et du tourisme, M. José Endundo.
Menée en coopération avec le ministère de l'Environnement, de la conservation de la nature et du tourisme de la RDC, cette évaluation met en lumière des initiatives qui ont été couronnées de succès et identifie les opportunités stratégiques qui permettraient de restaurer les moyens de subsistance, promouvoir la bonne gouvernance, soutenir la durabilité de la reconstruction économique, et renforcer le processus de consolidation de la paix en RDC.
Selon le rapport, la bonne nouvelle est que la majeure partie de la dégradation environnementale de la RDC n'est pas irréversible et que des progrès substantiels ont déjà été faits en termes de gouvernance environnementale.
Par exemple, à travers des mesures telles que le renforcement de patrouilles anti-braconnage, l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature a permis de sécuriser le Parc national de Virunga qui, au pic de la crise congolaise, perdait l'équivalent de 89 hectares de forêt chaque jour du fait de la collecte illégale de bois énergie.
Toutefois, une intense croissance démographique (le pays compte aujourd'hui près de 70 millions d'habitants, qui dépendent pour la plupart des ressources naturelles pour leur survie), ainsi que la vive concurrence internationale pour les matières premières, font peser encore davantage de pressions sur les ressources naturelles de la RDC.
Conclusions principales
La biodiversité de la RDC est la plus importante en Afrique, mais 190 espèces sont classées comme étant en danger critique d'extinction, en danger ou vulnérables sur la Liste Rouge des Espèces Menacées de l'UICN. Les éléphants et les gorilles de montagne font partie des espèces menacées.
Jusqu'à 1.7 million de tonnes de viande de brousse (principalement de la viande d'antilope, de duiker, de singe et de sanglier sauvage) sont récoltées chaque année à travers la chasse non réglementée et le braconnage, contribuant à l'extinction de ces espèces.
La forêt tropicale de la RDC s'étend sur plus de 1.55 million de km2 et représente plus de la moitié des ressources forestières de l'Afrique, ce qui en fait un prestataire critique de services écosystémiques au niveau mondial et une source potentielle de revenus, qui pourraient s'élever à 900 millions de dollars annuels jusqu'à 2030 à travers REDD+.
La RDC a la plus importante main d'oeuvre d'exploitation minière artisanale au monde, estimée à deux millions de personnes, mais le manque de contrôle de ce secteur a contribué à la dégradation des terres et à la pollution. Les réserves minérales inexploitées de la RDC (estimées à 24'000 milliards dollars US) ont une importance stratégique pour l'économie mondiale.
Quelques 15 tonnes de mercure sont utilisées chaque année dans l'exploitation minière artisanale en RDC, faisant du pays la deuxième plus importante source d'émissions de mercure en Afrique.
Le bassin du Congo soutient les pêcheries continentales les plus importantes d'Afrique, avec une production potentielle estimée de 520'000 tonnes par année. Si ces ressources sont sous-exploitées au niveau national, il existe plusieurs cas de surexploitation grave au niveau local.
Le problème le plus alarmant lié au changement climatique est la vulnérabilité de l'agriculture pluviale à petite échelle. Par exemple, en 2020, la durée de la saison des pluies dans la région du Katanga, fréquemment touchée par la sécheresse, pourrait passer de sept à cinq mois.
L'on observe actuellement un phénomène remarquable d'éclosions de petites entreprises sociales, qui dépendent pour la plupart de l'exploitation des ressources naturelles. Cependant, du fait de la fragilité du système bancaire et du manque d'incitations à formaliser les transactions, ce secteur informel, échappant aux normes du travail et environnementales, s'est fortement développé et représente désormais un problème structurel majeur.
Dans ce pays émergeant d'une longue période de crise et de défaillance de l'Etat, la fourniture de services de bases, notamment en termes d'énergie et de provision en eau, ainsi que les problèmes environnementaux dans les centres urbains, restent des enjeux de taille.
Afin d'aider la RDC à relever ces défis, un doublement de l'aide au développement est urgemment requis (y compris 200 millions de dollars américains pour l'environnement).
Selon Achim Steiner, Sous-secrétaire Général des Nations Unies et Directeur Exécutif du PNUE, l'évaluation met en avant des opportunités stratégiques pouvant soutenir la durabilité de la reconstruction économique post-conflit de la RDC et accélérer les efforts de consolidation de la paix.
« Cette évaluation confirme la richesse unique des ressources naturelles de la RDC et illustre comment celles-ci peuvent contribuer à une croissance économique durable. Cependant, elle révèle aussi les séquelles laissées par un conflit financé largement par l'exploitation de ces ressources, ainsi que la tragédie humaine dont souffre le peuple depuis trop longtemps » a-t-il dit.
« Le PNUE espère que les résultats de cette évaluation galvaniseront l'action et un soutien plus marqué de la communauté internationale et aidera la nation à s'orienter sur une voie plus durable, capitalisant sur les opportunités offertes par une économie verte en RDC » a ajouté le Directeur Exécutif de l'institution.
L'évaluation vise à appuyer la création des conditions favorables à « l'économie verte » en RDC et à promouvoir un changement d'approche fondamental dans l'exploitation des ressources naturelles du pays.
S'exprimant lors du lancement du rapport, le Ministre de l'Environnement, M. José Endundo, a déclaré que le gouvernement avait accueilli positivement cette évaluation, qui met en lumière les principaux problèmes et les opportunités, y compris le potentiel du marché du carbone et de l'écotourisme en tant que sources majeures de financement.
« Nous savons, grâce à cette étude conjointe de deux ans, que les vastes réserves minières de la RDC sont de nouveau l'objet d'une vive concurrence étrangère et que cela exerce de fortes pressions sur nos forêts, notre faune, notre flore et nos ressources en eau» a déclaré le Ministre Endundo.
« Le schéma REDD + dans lequel la RDC est déjà engagée pourrait potentiellement générer le financement nécessaire permettant de répondre à un large éventail de défis de développement et environnementaux et nous comptons sur ce genre de mécanismes pour soutenir le relèvement à long terme en RDC » a déclaré le Ministre.
Financée par le Gouvernement de la Norvège, l'Evaluation Environnementale Post-Conflit de la RDC, couvre la totalité du pays, et pas seulement les zones affectés par le conflit, et fournit 70 recommandations, articulées autour de 15 secteurs et 13 « zones sensibles » en terme de dégradation environnementale.
Pour une « économie verte » en RDC
Cette évaluation a débouché sur certaines recommandations. Notamment, s'engager dans la transition vers une «économie verte» pour parvenir au développement durable, capitalisant sur l'économie sociale émergente de la RDC afin de créer des emplois verts et d'autres emplois, notamment pour les anciens combattants.
Développer un bouquet énergétique durable afin de relancer la plupart des activités économiques. La RDC a un immense potentiel hydroélectrique de 100'000 mégawatts, l'équivalent de 13% du potentiel hydroélectrique mondial qui pourrait aussi générer des revenus d'exportation.
S'attaquer aux impacts environnementaux d'un siècle d'exploitation minière, en particulier par le biais d'actions immédiates dans les zones minières sensibles polluées de la province de Katanga, en introduisant des méthodes modernes d'exploitation et en formalisant le secteur minier afin de promouvoir le respect des standards environnementaux et des normes sanitaires de travail.
Promouvoir la coopération transfrontalière pour la gestion durable des ressources halieutiques des lacs internationaux de la vallée du Rift.
Renforcer les capacités institutionnelles pour la préparation aux catastrophes telles que les épidémies, les éruptions volcaniques, les inondations et les feux de forêts, y compris les systèmes d'alerte précoce.
Encourager davantage de recherches et de recensements des ressources naturelles et intégrer l'évaluation économique des systèmes écosystémiques dans l'ensemble de la planification au développement.
L'Evaluation Environnementale Post-Conflit de la DRC du PNUE : Synthèse à l'intention des décideurs est disponible en ligne sur: www.unep.org/drcongo. Cette étude intègre les apports de plus de 50 partenaires, incluant des ONG, des universités et des agences partenaires des Nations Unies.


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