vendredi 14 octobre 2011

RDC: incertitudes croissantes sur la tenue des législatives le 28 novembre, selon l’agence Belga

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) congolaise a beau clamer sur tous les tons que les élections présidentielle et législatives prévues en République démocratique du Congo (RDC) se tiendront bien à la date qu'elle s'est elle-même imposée - le 28 novembre -, nombre d'observateurs doutent de sa capacité de tenir les délais face aux défis, notamment logistiques, que pose l'organisation du scrutin législatif dans un pays grand comme l'Europe, où l'insécurité persiste dans certaines régions.

"Depuis le début, je ne crois pas aux élections le 28 novembre. Un des préalables pose problème, la disponibilité de la liste définitive des candidats à la députation (Assemblée) nationale. Il reste (moins de) 50 jours. C'est insuffisant pour produire les bulletins de vote et les dispatcher dans toutes les circonscriptions... Il y a d'autres points noirs comme la sécurité du processus", a ainsi indiqué un observateur très attentif du processus électoral à l'agence BELGA, sous le couvert de l'anonymat.
De retour d'une tournée en Europe et aux Etats-Unis, le président de la CENI, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, et son vice-président, l'ex-sénateur d'opposition Jacques Djoli, se sont pourtant une nouvelle fois voulus rassurants dimanche sur l'organisation des élections à la date prévue. Deux jours auparavant, le rapporteur de la commission, Matthieu Pita, avait tenu des propos identiques. "Aucun obstacle tant politique que technique ne peut empêcher d'organiser les élections présidentielle et législatives à la date du 28 novembre", avait-il dit.
Mais en dépit de ces déclarations, de nombreux observateurs demeurent sceptiques, au regard des contraintes du calendrier qui a déjà connu des retards, écrivait mercredi le journal 'Le Potentiel' alors que le ministre des Finances, Matata Ponyo Mapon, remettait au pasteur Ngoy une somme de vingt millions de dollars comme nouvelle contribution du gouvernement à l'organisation des élections, qu'il finance à 80%.
Un autre quotidien, 'L'Avenir', se demandait pour sa part si la RDC ne s'acheminait pas vers un découplage des scrutins présidentiel et législatif. En cause, le fait que les listes définitives des candidats à l'Assemblée (plus de 19.000 dossiers déposés pour les 500 sièges à pourvoir) n'ont pas encore été rendues publiques. Or, selon la CENI, ces listes devaient être publiées trente jours avant le début de la campagne électorale afin de permettre aux candidats et aux partis politiques de procéder à l'impression des pancartes et affiches de campagne. Ce qui n'a pas encore eu lieu à seize jours du début de la campagne électorale qui s'étend en principe du 28 octobre au 26 novembre...
La fabrication des urnes pose aussi problème. La firme allemande pressentie pour les fournir a refusé de travailler les samedi et dimanche. La CENI s'est donc tournée vers la Chine qui a accepté de fabriquer les urnes 24 heures sur 24. La presse kinoise évoque encore la taille des bulletins de vote, qui s'annoncent comme "les plus grands du monde". Dans certaines circonscriptions, comme Kinshasa, il faudra y placer 1.489 photos, logos du parti, noms du parti, noms des candidats et cases à cocher, sur plusieurs pages. Après le vote, l'électeur devra plier ce méga-bulletin en quatre et le glisser dans l'urne, qui sera aussi beaucoup plus grande que la normale.
C'est l'Afrique du Sud qui doit se charger de leur impression. Une délégation sud-africaine séjourne depuis la semaine passée à Kinshasa en vue de se mettre d'accord avec la CENI sur la maquette du bulletin. "Reste maintenant à savoir si l'Afrique du Sud battra tous les records et livrera le matériel à temps", se demande 'Le Potentiel'. Quant au déploiement du matériel - des centaines de tonnes à acheminer dans les coins les plus reculés d'un pays grand comme 80 fois la Belgique - il progresse, notamment grâce au soutien logistique de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) qui a aussi promis de surveiller le vote et de protéger la population pour lui permettre de voter, mais sans "certifier" les élections, ce qui reste une compétence des autorités congolaises.
"A cet effet, la MONUSCO va augmenter sa flotte aérienne avec plusieurs hélicoptères et des avions pour transporter des matériels électoraux mais également des observateurs et personnels de la MONUSCO", a affirmé le "patron" de la force onusienne, le diplomate américain Roger Meece. Selon M. Pita, sur les 786 tonnes de kits électoraux, près de 600 sont déjà réceptionnées et déployées jusqu'au niveau des territoires. Pour 'Le Potentiel', un découplage des élections ne pose guère de problèmes juridiques si la présidentielle est maintenue le 28 novembre. L'actuel chef de l'Etat, Joseph Kabila, élu en 2006, demeure en poste jusqu'à la prestation de serment du nouveau président de la République quel qu'il soit, prévue le 20 décembre, après une proclamation des résultats fixée au 6 décembre - la date de la fin de son mandat de cinq ans.
Mais c'est sur le plan de la légitimité que se posera le vrai problème. "Si les élections couplées ne sont pas organisées le 28 novembre, sur quelle base le président en exercice engagera-t-il le peuple congolais, les institutions en place, principalement l'Assemblée nationale, n'existant plus?", se demande le journal.
Source :  BELGA



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