lundi 10 octobre 2011

« Lettre-bilan et perspectives » du député Lutundula à ses électeurs : une grande première en RDC ?

Le fait est tellement rare qu’il mérite d’être souligné. Ce n’est pas très courant, en effet, dans les annales parlementaires de la RDC, depuis l’indépendance de ce pays, de voir un député rendre compte à ses électeurs,  de manière quasi cartésienne, de ce qu’il a pu réaliser en leur faveur, pendant la législature. 
C’est pourtant à cet exercice que vient de se livrer le député national Christophe Lutundula Apala pen’Apala, le seul élu de 2006 du territoire de Katako-Kombe, district du Sankuru,  dans une lettre adressée à ses électeurs en date du 01 octobre 2011 et intitulée « lette-bilan et perspectives ». La quintessence de cette lettre a été portée, samedi 8 octobre, à la connaissance de la notabilité de ce territoire à Kinshasa, au cours d’une conférence organisée à cet effet à Fatima dans la commune de la Gombe.
S’il a été jugé utile de revenir ici sur cette lettre,  c’est non seulement parce que, comme souligné précédemment, ce genre de démarche est rarissime, mais aussi, parce que ce que dit Lutundula est valable pour la  plupart d’autres coins de la République.
L’auteur de la lettre commence par rappeler qu’aucune disposition légale n’oblige un député à se livrer à un tel exercice. Mais il l’a fait par un triple devoir moral. D’abord,  devoir de respect de la parole donnée et de rendre compte à ceux qui lui ont fait confiance en l’élisant en 2006. Ensuite, devoir de reconnaissance envers tous ceux qui l’ont aidé et soutenu durant toute la première législature la Troisième République. Il a cité au passage le Président de la République et sa famille politique qui l’avaient porté à la vice-présidence de l’Assemblée nationale, en dépit du fait que son parti politique n’avait pas obtenu le nombre de députés requis pour occuper ce poste, le Sénateur Léonard She Okitundu, qualifié de « modèle de fraternité »,  Mgr Nicolas Djomo, évêque de Tshumbe. Devoir, enfin,  de témoignage pour ceux qui reprendront le flambeau un jour.
Le mandat du député dénaturé ?
Lutundula déplore  ce qu’il a appelé « un dérapage malheureux qui dénature le mandat parlementaire par un jeu de substitution de rôle ». De quoi s’agit-il ? Alors que le travail d’un député, selon la constitution, est de légiférer, de contrôler le gouvernement, les entreprises et les services publics, il se fait, a-t-il constaté sur le terrain, que pour la population, le député est celui qui apporte des solutions à ses problèmes existentiels : logement, santé, éducation, sécurité, etc. Bref, des tâches qui incombent, en principe,  aux exécutifs national et provincial, à l’administrateur du territoire, etc.
Il s’agit là d’un « problème de fond » qui mérite une réflexion  non seulement des scientifiques mais également des acteurs sociaux et autres, a dit Lutundula, qui a cependant reproché  aux députés d’entretenir cette confusion depuis 1960. De sorte qu’aujourd’hui, il s’est interrogé si l’on peut se faire élire sans tenir le discours que l’électeur attend, sans répondre à ses préoccupations.
En ce qui le concerne, Lutundula a dit s’être gardé de verser dans l’humanisme ou le paternalisme. Il s’est, au contraire, durant son mandat, efforcé d’agir dans le long terme afin de permettre à la population de prendre elle-même en charge son propre destin.
A cet effet, dans sa lettre, Lutundula qui rappelle que la population l’avait élu sur base d’un programme appelé  « 10 propositions pour reconstruire Katako-Kombe » qu’il lui avait soumis, reprend, de manière méthodique, toutes les actions posées en rapport avec ces dix propositions. Par exemple, le désenclavement du territoire par l’installation des téléphonies cellulaires, la création de trois sous-divisions de l’EPSP ayant entraîné 246 emplois directs, la construction des ponts, la construction, la réhabilitation et l’équipement des centres de santé, écoles, bâtiments administratifs, la promotion de la femme par l’alphabétisation, l’encadrement de la jeunesse, etc.
Une goutte d’eau dans l’océan
Le député Lutundula est cependant le premier à reconnaître lui-même que ce qui a été fait n’est qu’une goutte d’eau dans  l’océan des problèmes auxquels la population est confrontée. Mais le peu qu’il a fait ne l’a pas été sans difficultés. Au nombre desquelles, « l’interruption brutale et prématurée » de son mandat au bureau de l’Assemblée nationale qui lui permettait de bénéficier des revenus additionnels, l’insuffisance des partenaires fiables sur le terrain, l’appropriation insuffisante par la population des projets investis en sa faveur, la culture ambiante de la main tendue en lieu et place du travail productif, l’absence d’initiatives collectives (société civile embryonnaire), etc.
 Nonobstant ces difficultés, Lutundula est confiant en l’avenir, préconisant de continuer à mettre l’accent notamment sur la communication et les infrastructures, l’agriculture, l’enseignement et l’éducation, l’énergie, l’eau potable, la santé, la promotion de la femme, l’encadrement de la jeunesse. Il préconise également de développer « une solidarité positive » par des projets communs.
Si en 2006 le territoire de Katako-Kombe n’était représenté que par un seul élu à l’Assemblée nationale, il disposera de deux élus après les élections du 28 novembre prochain, signale-t-on.

1 commentaire:

  1. je salue le comportement inédit de l'Honorable Lutndula qui ne cesse, par la culture démocratique q'on lui connait de donner en pionnier le bon exemple. La profondeur de son message interpelle le congolais sur sa perception de la politique et des politiques. Son humilité et sa franchise me séduisent et me reconfortent

    RépondreSupprimer